Lorsque que l’on a décidé de faire un travail sur soi, pour vivre plus sereinement, avoir plus de vitalité et des rapports plus épanouissants avec les autres, il est préférable de ne pas tourner en rond pendant des années avant d’avoir des résultats. Pour cela la vision de la « Thérapie des schémas » de Jeffrey Young peut nous aider à cibler rapidement notre problématique principale pour la traiter plus facilement et se faire une vie plus gratifiante et agréable.
Nous allons voir dans cet article comment utiliser cette approche, pour mettre en parallèle la non-satisfaction de certains besoins affectifs fondamentaux et la création de schémas comportementaux handicapants.
Mais avant tout plantons rapidement le décor de la « Thérapie des Schémas ».
Quels sont les caractéristiques de ces schémas ?
« La Thérapie des Schémas » a été créée par le psychologue américain Jeffrey Young dans les années 1990. Il a été formé aux thérapies cognitives classiques par Albert Ellis et Aaron Beck, avant d’élaborer sa théorie. Cette théorie s’inscrit aujourd’hui comme un aspect fondamental de la thérapie comportementale et cognitive (TCC).
Cette approche est particulièrement adaptée pour mettre en lumière l’origine des symptômes de la dépression, de l’anxiété, des troubles du comportement alimentaire, les problèmes de couples ou encore la rechute des personnes dépendantes et d’une façon générale lorsque nous ressentons un malaise réel avec des problèmes vagues, chroniques et envahissants.
La théorie de Young se base sur les Schémas Précoces Inadaptés (SPI) qui peuvent nous emporter dans des scénarii de vie problématiques, qui se répètent encore et encore.
En partant du postulat de base que durant notre enfance, nous sommes directement impactés par notre environnement, car le cerveau d’un enfant de 0 à 2 ans fonctionne en ondes Thêta et de 2 à 6 ans en ondes Delta. Ce qui signifie qu’avant « l’âge de raison » nous n’avons aucune faculté d’analyse et nous enregistrons tout ce que nous entendons comme « argent comptant » et vivons comme de vrais éponges (exemple : T’es nul ! T’es bien comme ton père ! Quel maladroit ! T’es une grosse cochonne… etc…). Donc attention aux critiques et aux histoires que nous lançons aux enfants.
Voici quelques caractéristiques des Schémas Précoces Inadaptés :
- Ils sont constitués d’un mélange de souvenirs, d’émotions, de pensées (de cognitions) et de sensations corporelles (c’est pourquoi des techniques comme l’EFT, qui jouent sur tous ces aspects sont très efficaces pour la résolution de ces schémas. Découvrez la formation en ligne de Jean-Michel Gurret pour utiliser l’EFT en auto-traitement).
- Ils apparaissent au cours de l’enfance et de l’adolescence en tant que représentations de l’environnement et sont basés sur la réalité.
- Ils sont élaborés pour se nourrir et perdurer durant toute la vie, car nous avons tendance à sélectionner des situations de vie et des relations humaines qui vont nourrir nos croyances. On dit que « Les schémas se battent pour survivre« .
- La nature dysfonctionnelle des schémas se manifeste plus tard au cours de la vie (normal, puisqu’ils traduisent une adaptation de l’enfant à son environnement). Quand nous commençons à perpétuer nos schémas dans nos interactions avec les autres, sur la base de perceptions qui ne sont plus exactes, ni adaptées.
- Ils ne sont pas tous traumatiques (exemple : un environnement trop protecteur ou trop permissif…).
- Ils sont multidimensionnels et peuvent avoir différents niveaux d’envahissement et de gravité dans notre vie.
- Un schéma n’est pas seulement une croyance dont nous pouvons parler à quelqu’un avec un raisonnement logique, il devient une partie de notre identité, une partie de notre conscience de soi.
Quels sont les origines de nos Schémas Précoces Inadaptés ?
- La non satisfaction des besoins fondamentaux (nous y reviendrons un peu plus loin pour y associer des domaines de schémas bien particuliers, qui vont nous aider à déceler nos problématiques principales).
- La traumatisation ou la victimisation: Être victime de violences physiques, psychologiques ou sexuelles).
- L’excès de satisfaction des besoins: Parents ou environnement surprotecteur, ou l’excès d’autonomie et de liberté sans limite)
- L’internalisation ou l’identification avec des personnes importantes: On modélise les aspects comportementaux, cognitifs et émotionnels des personnes qui nous entourent (souvent les figures parentales).
Quels sont les 5 besoins affectifs fondamentaux pour reconnaître ses manques ?
Si un ou plusieurs de ces besoins ne sont pas assouvis, cela va donner lieu à la création de schémas inadaptés.
Attention toutes fois à ne pas dramatiser et à ne pas blâmer nos figures parentales, en gardant à l’esprit, qu’elles aussi ont fait ce qu’elles pouvaient avec leurs propres schémas, à une époque où elles n’avaient pas les outils, qui sont les nôtres aujourd’hui, pour prendre du recul et se remettre en question.
1 – Besoin de sécurité lié à l’attachement aux autres : C’est le besoin principal de l’enfant. Il doit pouvoir se dire que les personnes (figures d’attachement) sur qui il compte, sont stables et prévisibles. Cela va lui permettre de développer les structures physiologiques cérébrales qui vont l’aider à avoir une bonne régulation des émotions.
2 – Besoin d’autonomie, de compétences, sens de l’identité : Donner à l’enfant l’assurance qu’il peut explorer sereinement son environnement, il pourra donc adopter une attitude sereine face à la nouveauté. Il est encouragé dans ses découvertes et il peut expérimenter le fait que s’éloigner progressivement de maman n’est pas si dangereux, c’est même très excitant.
3 – Besoin d’exprimer ses besoins et ses émotions : L’importance d’apprendre à exprimer et à reconnaître ses émotions (Plus le vocabulaire émotionnel est développé plus on peut ressentir finement ses émotions). Ainsi l’enfant apprend à se connaître et il développe le droit à son juste ressenti, c’est la base du respect de soi-même.
4 – Besoin de spontanéité et de jeux : C’est la continuité de la connaissance de soi, et l’exploration de sa libre expression. Il apprend également les codes sociaux en se faisant respecter auprès de ses camarades.
5 – Besoin de limites et de contrôle de soi. L’enfant a besoin d’un cadre. Sans cadre, il peut partir dans tous les sens ou se replier sur soi et s’auto-brimer. Dans un cadre, on peut se balader en toute sécurité si les règles sont clairement énoncées. Dans l’établissement de ces règles, Il ne doit pas y avoir de manipulation affective de la part de l’adulte (ex : Quand tu fais ça, je suis vraiment trop malheureuse, etc…), ou d’autorité violente. La satisfaction de ce besoin, apprend à l’enfant le respect d’autrui.
Les 5 familles de Schémas Précoces Inadaptés pour comprendre où ça coince
Jeffrey Young a déterminé 18 Schémas Précoces Inadaptés, qu’il a ensuite classé en 5 familles distinctes (domaines) :
- Séparation et rejet : La certitude que ses besoins de sécurité, de stabilité, d’affection, d’empathie, de compréhension, d’approbation et de respect ne seront pas satisfait.
- Autonomie et performance : Les exigences vis-à-vis de soi-même et du monde externe ne correspondent pas à la capacité (perçue) de survivre, d’agir indépendamment et d’arriver à une réussite suffisante.
- Manque de limites : Manques de limite interne, manque de responsabilité envers les autres, ou l’incapacité de maintenir des buts à long terme.
- Dépendance aux autres : Importance excessive attachée aux besoins, désirs, réactions des autres, aux dépens de ses propres besoins, afin d’obtenir leur affection ou leur approbation, par peur d’être abandonné ou pour éviter les représailles.
- Survigilance et inhibition : Le contrôle exagéré des réactions ; des sentiments et des choix pour éviter les erreurs ou pour maintenir des règles personnelles rigides.
Comment ces schémas se maintiennent-ils dans nos vies
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La distorsion cognitive
Ce sont les lunettes que l’on met pour voir le monde et faire en sorte que ce que l’on perçoit de notre environnement, corresponde à notre réalité intérieure. On sélectionne, et on donne de l’importance, dans notre vie, à certaines informations pour qu’elles correspondent à ce que l’on a intériorisé.
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Les scénarii de vie auto-défaitistes
Reproduire volontairement les modes de vie auto-défaitistes de notre enfance comme une fatalité – S’engager dans des pensées, des émotions, des comportements, des types de relations qui maintiennent nos schémas – Poursuivre involontairement dans nos vies d’adultes les conditions les plus négatives de notre enfance.
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Les 3 styles d’adaptations dysfonctionnelles
– La soumission (La capitulation) : Valider le schéma, chercher à le revivre, se remettre dans des situations de souffrance et ré-accepter inconsciemment la situation actuelle. Ressentir l’émotion liée au schéma, l’accepter, faire en sorte que nos actions confirment le schéma (je suis nul je fais des choses nuls), avoir des réactions émotionnelles surdimensionnées. Choisir des partenaires qui agissent comme les parents offenseurs. La devise de cette adaptation : « encore et encore« .
– Évitement (La fuite) : Tout évitement (cognitif, affectif, comportemental) renforce les symptômes du schéma. Fuir toutes les situations qui pourraient me faire revivre ce que j’ai vécu dans mon enfance. Vivre comme si nos schémas n’existaient pas, (ex : Oh ça c’est rien ! C’est pas important…), taire les émotions susceptibles d’activer ce schéma. Souvent consommation de substances psychoactives, sexe, vie désordonnée, alimentation compulsive, bourreau de travail. On peut éviter les secteurs où nous nous sentons vulnérables (repli sur soi), éviter la thérapie (ou ne soulever que des problèmes superficiels). La devise « Tout le contraire de mon enfance« .
– La compensation (Combat) : Être en combat contre son schéma (ex schéma imperfection, se mettre à bosser pour avoir réponse à tout). L’extrême de la contre-attaque, c’est répéter les évènements que l’on a subi. Combattre le schéma par des pensés, des comportements, des styles relationnels qui vont être à l’opposé du schéma concerné. Nous essayons d’être différents de l’enfant que nous étions quand le schéma s’est mis en place (si l’enfant s’estimait sans valeur, l’adulte veut être parfait / s’il était soumis, nous serons adultes rebelles / Si en contrôle, nous nous mettons à contrôler les autres ou à rejeter toute forme d’influence). Nous pouvons avoir l‘air d’avoir confiance en nous, mais au fond nous ressentons le poids du schéma qui menace d’émerger à tout moment. Nous pouvons sembler bien nous en sortir, mais souvent nous compensons, et nous nous faisons piéger dans nos comportements extrêmes et nous pouvons devenir complètement désensibilisés, voir improductifs. La devise « Plus jamais ça ».
Il faut bien comprendre que nous pouvons avoir un schéma mais plusieurs façons d’y répondre, plusieurs styles d’adaptation différents. Nous pouvons même en avoir plusieurs en même temps selon les situations que nous vivons (Famille, travail, loisir… ou à différentes périodes de notre vie).
C’est assez « amusant » de voir les situations que nous vivons au présent et de faire des ponts avec ce que l’on a vécu dans l’enfance, pour découvrir quel est notre style d‘adaptation.
Mais avant, je vous invite à découvrir les 18 Schémas Précoces Inadaptés qui peuvent apparaître quand les besoins affectifs fondamentaux ne sont pas assouvis.
Relations entre les Schémas Précoces Inadaptés et les besoins affectifs fondamentaux
Le besoin de sécurité et d’attachement = Famille de schéma : Séparation et rejet (5 schémas possibles)
- Abandon / Instabilité: Peur d’être abandonné, sentiment d’instabilité
- Méfiance / Abus: S’attendre à ce que les autres vous fassent souffrir (maltraite, humilient, mentent, trichent).
- Manque affectif: certitude que les autres ne donneront pas le soutient affectif dont vous avez besoin.
- Imperfection / Honte: Se juger imparfait, « mauvais », inférieur ou incapable.
- Isolement / Aliénation: Sentiment d’être isolé, coupé du reste du monde, différent des autres et/ou ne faire partie d’aucun groupe ou communauté.
Le besoin d’autonomie, de compétences et le sens de l’identité = Famille de schéma : Autonomie et performance (4 schémas)
- Dépendance et incompétence: Croire à sa propre incapacité à faire face seul aux responsabilités journalières
- Peur des événements inévitables et incontrôlables.
- Surprotection / Personnalité atrophiée: Attachement émotionnel excessif à une ou plusieurs personnes, au détriment d’une adaptation sociale normale.
- Echec: Croyance que l’on a échoué, que l’on échouera, que l’on est incapable de réussir aussi bien que les autres.
Le besoin de se sentir libre d’exprimer ses besoins et ses émotions associé à l’empathie = Famille de schéma : Dépendance aux autres (3 schémas)
- Assujettissement: Le comportement, l’expression des émotions, les décisions sont totalement soumises aux autres.
- Abnégation: un souci exagéré de toujours considérer les autres avant soi-même.
- Besoin d’approbation: le problème central est un besoin excessif de l’attention, de l‘estime et de l’approbation des autres.
Le besoin de spontanéité et de jeu = Famille de schéma : Survigilance et inhibition (4 schémas)
- Peur d’événements évitables / négativité: La crainte exagérée que, dans des contextes divers (travail, situation pécuniaires, relations interpersonnelles), tout va tourner au pire.
- Surcontrôle: Le contrôle excessif des réactions spontanées.
- Idéaux exigeants: La conviction que l’on doit s’efforcer d’atteindre et de maintenir un niveau de perfection dans son comportement.
- Punition: La tendance à se montrer intolérant, très critique, impatient et à « punir » les autres, et soi-même, s’ils n’atteignent pas le niveau de perfection que l’on exige.
Le besoin de limite et d’autocontrôle = Famille de schéma : Manque de limites (2 schémas)
- Droits personnels / Dominance: Besoin de faire, ou d’obtenir, exactement ce que l’on veut sans considérer ce qu’il en coûte aux autres ; ou une tendance excessive à affirmer sa force.
- Manque de contrôle de soi / discipline personnelle : L’incapacité ou le refus de contrôle de soi, ne pas supporter la frustration.
ET maintenant QUE FAIRE ???
Avoir conscience de l’origine de notre fonctionnement et du même coup, voir plus clairement notre problématique, est déjà un premier pas important vers une vie plus simple et agréable.
Mais nous n’avons pas simplement envie de « comprendre », nous avons envie d’aller mieux et de nous dégager des événements qui ont engrammé en nous ces comportements.
L’EFT est une discipline de la Psychologie Energétique, qui va venir déprogrammer la charge émotionnelle de certains événements spécifiques de nos vies, pour nous libérer de nos Schémas Précoces Inadaptés et de notre fonctionnement inconscient et destructeur. (voir mon article : L’EFT, pourquoi ça marche).
Personnellement, j’ai découvert cette approche en me formant en tant que praticienne EFT clinique auprès de l’IFPEC. Et je me sers de la méthode que je vous ai exposé pour trouver la bonne cible (souvenir) à traiter avec mes clients, afin d’avoir un maximum de résultat en un minimum de temps.
Mais déjà par vous-même, vous pouvez utiliser les informations contenues dans cet article, pour commencer à mettre au clair votre problématique, en repérant les besoins fondamentaux qui n’ont pas été satisfaits dans votre vie. Vous pouvez ensuite cibler les événements les plus pertinents à traiter avec l’EFT en vous rapportant aux différents types de schémas qui bloquent votre vie.
Exemple : Avec le manque identifié de « Sécurité/attachement », est-ce que vous avez plus tendance à croire (et à manifester dans votre vie) que les autres vont vous faire du mal (schéma : Méfiance/abus) ou plutôt qu’ils ne vont pas vous soutenir (schéma : Manque affectif). Dans ce dernier cas, demandez-vous quel est le souvenir le plus ancien où vous ne vous êtes pas senti soutenu, ou dans l’autre ; quel est le souvenir le plus ancien où je me suis senti abusé. Et vous le traitez avec l’EFT.
Cette façon de cibler les événements fondateurs de nos comportements problématiques est exposée en détails et très clairement dans la formation en ligne de Jean-Michel Gurret : J’apprends à me libérer des émotions bloquantes avec l’EFT.
C’est actuellement la meilleure formation en ligne que vous pourrez trouver sur l’auto-traitement en EFT. C’est surtout la plus efficace et celle qui bénéficie de la plus grande expertise.
Je sais bien que je prône toujours l’autonomie, mais dans certains cas, c’est beaucoup plus confortable et rassurant de trouver un thérapeute qui vous correspond pour traiter des traumas trop profonds, ou simplement bénéficier d’un regard extérieur et bienveillant sur votre histoire.
L’EFT est un outil formidable, apprenons à l’utiliser correctement pour faire de nous des œuvres d’art.
POUR ALLER PLUS LOIN : Un article complet simple et clair – livre : Thérapie des schémas – Approche cognitive des troubles de la personnalité par Jeffrey Young – livre (plus grand public) Je réinvente ma vie – vous valez mieux que vous ne pensez par Jeffrey Young
Merci beaucoup pour cet article très complet. Je suis psychologue et danse-thérapeute et j’utilise également la thérapie des schémas car elle est accessible à mes patients pour comprendre leur propre fonctionnement.
Merci Vanessa,
Oui, cette méthodes est très éclairantes, surtout lorsque l’on commence à travailler en autonomie et encore plus lorsque l’on fait appelle à une professionnelle qui maitrise le sujet.
Belle continuation Vanessa.
Amicalement, Chrystel